19/10/2018

Frères musulmans : la mauvaise réputation du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche

al Qaradawi.jpeg

Sur le papier le Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche (CEFR) est un organisme regroupant érudits et théologiens de l’islam chargés de rapprocher les « savants » d’Europe afin de réfléchir sur les principales questions contemporaines au regard de la loi islamique. Après chaque réunion annuelle, les membres du CEFR émettent des avis juridiques, appelés fatwas, sur les problèmes que rencontrent les musulmans d’Europe.

Le CEFR apparaît donc comme un centre d’étude honorable remplissant des missions qui peuvent être utiles. Néanmoins, en décidant de ce qui peut être licite ou illicite dans tous les domaines de la vie quotidienne d’un musulman d’Europe, pratiques rituelles, mœurs, relations familiales et sociales, consommation alimentaire, ce Conseil s’ingère dans la vie de la cité et place « ses » lois au-dessus de celles des Etats. On lira ici, une analyse très pertinente écrite par le Cercle d’Etudes de réformes féministes sur les fatwas édictées par le CEFR.

Ce n’est pas le seul reproche qui est fait au CEFR. En effet, la plupart de ces membres font partie de la confrérie des Frères musulmans. A ce titre, ils sont soupçonnés de vouloir mettre en œuvre leur agenda qui consiste à islamiser l’Europe et à y imposer la charia.

Le CEFR est présidé par Youssef al-Qaradawi, que Mohamed Louizi, essayiste, ancien membre influent des Frères musulmans, appelle « sa Sainteté le pape des Frères musulmans ». Al-Qaradawi est une figure bien connue, Egyptien d’origine, exilé au Qatar, il a fait l’objet de nombreuses études et ses prises de positions extrémistes ont fait couler beaucoup d’encre. Le théologien est interdit de séjour dans de nombreuses capitales européennes.

Pour autant et curieusement le CEFR, qu’il préside est basé à Dublin et ne fait l’objet d’aucune interdiction ni d’aucun signalement.

Un autre des membres du CEFR est le docteur Mustapha Ceric, grand Mufti de Bosnie-Herzégovine, érudit, cultivé, l’homme a été récompensé à plusieurs reprises, il a reçu notamment le prix Houphouët Boigny pour la paix en 2003. Il est néanmoins considéré comme un leader des Frères musulmans en Europe.

Lors d’une conférence à Islamabad en 2010, Mustapha Ceric a appelé à « conquérir le monde via le mouvement hallal ». Cette injonction n’est pas une simple fatwa alimentaire, d’une part c’est une manière de remplir les caisses de l’organisation des Frères musulmans puisque les marchands musulmans qui vendent les produits halal doivent également redonner une partie de leurs profits sous forme de zakat (contribution obligatoire à l’autorité musulmane) : d’autre part, c’est une façon d’exercer leur pouvoir en interdisant la commercialisation de tous les autres produits non-certifiés halal, notamment les produits israéliens.

Si les 32 membres du CEFR ne sont pas tous affiliés aux Frères musulmans, il n’en reste pas moins que leurs parcours respectifs montrent qu’ils partagent tous la même idéologie que celle du fondateur de la Confrérie : Hassan al-Banna.